Il fallait faire évoluer ces quatre tableaux qui me
semblaient inachevés et dénués d’une véritable intention. J’ai demandé à un tireur sportif de tirer dessus à l’arme automatique. Le tir en rafale
étant interdit dans les clubs de tir, il a tiré un coup après l’autre en
imitant l’aspect groupé caractéristique des rafales, à 50 mètres de distance.
Il a essayé d’éviter de toucher les personnages : c’est très difficile
mentalement, pour un tireur sportif, de prendre pour cible une forme humaine.
Je lui ai demandé de tirer prioritairement dans les zones
sombres, un peu bouchées, puis sur les détails que je considérais comme mal
peints. Ensuite le choix de l’objectif s’est fait simplement plastique :
il fallait disperser davantage, faire circuler le regard. Une balle erratique a
touché la Madeleine new-yorkaise à la
poitrine.
Je suis étonné de l’aspect anodin de ces petits trous. Un
seul tue un homme ; une centaine animent un tableau. Je m’attendais à ce
que les balles déchiquettent les panneaux de bois, mais la vitesse de
projection crée des orifices à la propreté effrayante.